Moi, Daniel Blake…

Deux Palmes valent mieux qu’une !

 

Deuxième récompense majeure pour le réalisateur britannique. Après avoir obtenu la Palme d’Or en 2006 pour Le Vent se Lève, film sur la guerre d’indépendance irlandaise, Ken Loach récidive dix ans plus tard avec un métrage sur son thème de prédilection : le film social. Car on ne choisit pas de voir un film du réalisateur au hasard. On trouve d’abord, les fidèles, ceux qui vont voir le dernier Ken Loach comme l’on se rendrait aux projections de Woody Allen, du dernier Tarentino ou encore de celles des frères Cohen. Outre le fait que sa filmographie bénéficie d’un succès mérité, c’est encore souvent par le biais du bouche à oreille que passent le mieux les impressions et avis du public.

à la recherche d’un Cinéma authentique…

Car, il y a dans l’oeuvre de Loach ce besoin de filmer au plus près la vie ordinaire des « petites gens ». Alors que la plupart des films utilisent la fiction pour distraire le spectateur et l’extirper d’un quotidien parfois difficile à supporter (toi, le petit rentier frileux tu peux arrêter ta lecture ici); le réalisateur de Nuneaton cherche bien au contraire une certaine forme de cinéma authentique. Alors que les télés-réalités nous plongent souvent dans le pathos et la misère sociale pour mieux marquer les différences et induire le mépris chez le téléspectateur. Ken Loach a ce talent pour choisir un angle d’attaque où l’émotion, la vraie, bien qu’elle soit mise en scène, nous paraisse toujours véritable. Il a, pour ce faire, une technique redoutable ! Les acteurs ne reçoivent la liste des textes que quelques minutes avant les prises et ils ne connaissent pas toutes les ficelles de la mise en scène. Ainsi, dans son film de 1969, kes, un jeune garçon découvre son oiseau mort et doit l’enterrer. Ken Loach avait fait remplacer l’oiseau apprivoisé, avec qui le jeune acteur avait tissé des liens très forts au cours du tournage, par un véritable oiseau mort qui ressemblait au volatile. Avec ces méthodes qui peuvent paraître brutales, le réalisateur cherche à capturer sur pellicule l’émotion du moment sans fards, ni faux-semblants. Ce cinéma d’authenticité se ressent à l’écran et constitue l’un des points forts du réalisateur de My Name is Joe et Looking for Eric.

De l’inhumanité du système… (avec Spoils !)

Avec Moi, Daniel Blake… Ken Loach nous propose cette fois-ci de suivre les pérégrinations d’un ouvrier charpentier de 59 ans qui bénéficie de l’ESA (Employment and Support Allowance). Il s’agit d’une aide que touchent les salariés handicapés (Daniel, a été victime d’un grave infarctus). Tous les médecins de Daniel sont formels, il ne peut reprendre le travail pour le moment. Le film commence par cet entretien téléphonique avec une employée d’une boîte privée mandatée par le Ministère de la Santé britannique. Son « interrogatoire » scripté cherche à débusquer les malades « fainéants  » qui ne souhaiteraient pas travailler. Le film, à la façon de Loach et toujours avec cet aspect proche du documentaire, nous démontre l’absurdité d’un système où le salarié est considéré comme un tire-au-flanc qu’il faut presser à l’extrême.

Ainsi, nous sommes projetés dans l’univers quotidien de Daniel, ses rendez-vous au Pôle Emploi local, ses recherches d’emplois « à l’ancienne » (malgré ses problèmes cardiaques il va parcourir la ville à pied). On découvre l’absurdité des ateliers CV : l’humain contraint de se vendre comme une marchandise qu’il est devenu. La fracture numérique est abordée avec un humour grinçant : « Je sais tout réparer » déclare Daniel « …tout, sauf les ordinateurs ! ». Le veuf, malade qui plus est, tente de s’adapter à l’outil informatique catastrophique de l’agence pour l’emploi et rencontre des bugs bloquants lors de son inscription.

J’ai beaucoup aimé ce métrage qui me rappelle l’esprit du film La Loi du Marché que j’avais aussi apprécié en 2015. Un très bon film que je vous conseille ainsi que la filmographie de Ken Loach. Si vous aimez le cinéma « social » britannique n’oublions pas également l’excellent réalisateur Mark Herman Les Virtuoses (1996).

 

 

 

 

 

 

 

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